mardi 26 juin 2012

La prière musulmane (1/2)

Un rayon rose jaillit de l'horizon, les étoiles pâlissent et une voix rythmée s'élève, dans le silence de l'aube:
"Allah est le plus grand! Il n'y a de Dieu qu'Allah et Muhammad est le Prophète d'Allah! Venez à la prière, Venez au salut!"

Et le dernières modulations de cet appel du muezzin, s'envolant du haut du svelte minaret par dessus les terrasses des maisons et des palmes de l'oasis, vont se perdre dans l'infini du désert.

Les Musulmans  qui sommeillaient encore, enveloppés dans leurs draperies blanches semblables à des linceuls, se lèvent en sursaut , tels des ressuscités. Ils accourent vers les fontaines où ils accomplissent leurs ablutions. Puis, purs dans leur corps et dans leur esprit, ils se groupent en longues files, coude contre coude, tournés dans une même direction, celle de Kâ'ba sainte de la Mecque.

Le corps droit, la tête légèrement penchée, les yeux baissés, immobiles dans les longs plis de leurs vêtements, ils semblent métamorphosés en un peuple de statues. A l'exemple de l'imâm, placé devant eux, dans le même sens et annonçant chaque phase de la prière par le takbir: "Allah est le plus grand !".

Tous élèvent leurs mains grandes ouvertes à hauteur de leurs tempes, en témoignant leur extase devant la toute puissance du Maître des Mondes. Puis, d'un même mouvement, ils courbent le dos et s'inclinent profondément devant Sa Suprême Majesté.
Mais, pour exprimer mieux encore toute l'humilité de leur âme, ils s'effondrent vers la terre, se prosternent en y imprimant pieusement leur front, leur nez et demeurent quelques instants dans cette attitude de suppliants, comme écrasés sous le poids du ciel tout entier qui serait prosterné avec eux...Enfin ils redressent leur poitrine et demeurent assis, les genoux à terre, la tête accablée sous le fardeau de leur ferveur. Une salutation, accompagnée d'un mouvement du visage à droite, puis à gauche, s'adressant aux deux Anges qui ne cessent d'accompagner tout croyant, termine la prière.

Mais généralement, les fidèles, qui ne demandent rien à Allah, pas même leur pain quotidien, restent encore dans la même position et, plaçant à hauteur de leur poitrine leurs mains ouvertes sous leurs yeux, à la façon des feuillets d'un livre, implorent la Miséricorde Divine, pour l'Islam, pour leurs parents et pour le salut de leur âme.

Seules quelques parties de la prière, le takbir, la fatiha et le salut final sont récitées par l'imâm à haute voix. Quant aux assistants, ils ne récitent la prière que dans le fond de leur coeur et leurs lèvres ne répètent que le takbir, dans un murmure à peine perceptible. 

Et ce demi-silence ajoute à la grandeur de ces gestes expressifs et simples, dans lesquels la dignité s'allie si parfaitement à l'humilité et qui, totalement dépourvus d'affection, constituent le spectacle d'adoration le plus poignant qu'on puisse imaginer. 

Etienne Dinet

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