jeudi 1 décembre 2011

Islam et orientalisme (15/26)



L'islam est une religion qui s'oppose à la science.

Pour réfuter cette thèse, nous avons du jusqu'à présent, nous référer aux textes du Coran et du nouveau testament qui montrent la position de chacune des deux religions (musulmane et chrétienne) par rapport à la science. Nous avons ensuite vu à travers certains moments de l'histoire, le comportement de chacune de ces deux religions vis à vis de la science.

Avant de poursuivre notre analyse, j'aimerais vous donner deux exemples puisés de l'histoire des musulmans qui montrent jusqu'à quel point les libertés de culte, de conscience et d'expression ont été respectées par l'islam.

Les premiers siècles de l'Hégire ont connus l'émergence d'une multitude de courants philosophiques dont les fondateurs, subjugués par les pensées hindouistes et persanes, ont dévié des principes fondamentaux de l'islam. Ainsi, nous remarquons chez les deux plus grands courants philosophiques de l'époque, qui sont El Jahmiya et El Mu'tazila, dans leur perception du bien et du mal par exemple, des interprétations qui s'apparentent carrément au manichéisme. Ce qui crée une dualité qui s'oppose catégoriquement au principe de l'unicité de Dieu proclamé par l'islam.

Ce qui suit est une confrontation publique qui a eu lieu vers la fin du troisième siècle de l'Hégire entre Abou El Hassan El Ash'ari et El Jouba'i. Le premier est un ancien Mu'tazili reconverti à la doctrine initiale (dite de Ahl El Sunna wa El Jama'a) et le second, son ancien maître, une icône des Mu'tazilas dont le courant était à l'agonie et ses adeptes très mal vus par la masse.

Lors de ce face à face, El Ash'ari dit à El Jouba'i: "Que dis tu d'un mécréant, d'un croyant et d'un enfant après leur mort?". (c.à.d. où iront ils?).

El Jouba'i dit: "Le croyant est destiné aux degrés élevés (c.à.d. ceux du paradis); le mécréant au bas-fonds de l'enfer, et l'enfant fera partie des gens du salut".

Sauf que cette position du salut réservée aux enfants selon El Mu'tazila était une position neutre où même s'il n'y avait pas de châtiment, il n'y avait aucune récompense (comme c'est le cas pour ceux qui vont au paradis). Et ce parce que l'enfer et le paradis sont des lieux de rétribution et que l'enfant est mort avant d'avoir atteint l'âge de raison, ce qui fait que même s'il ne mérite pas l'enfer, son oeuvre est insuffisante pour qu'il aspire à aller au paradis (ce qui est totalement faux).

El Ash'ari dit : "Et si l'enfant voulait accéder au paradis, cela lui serait il possible?".
El Jouba'i répond: "Non, il lui sera répondu que le croyant a mérité son rang élevé grâce à son oeuvre et toi tu n'as rien accompli de tout cela."
El Ash'ari dit: "Et si l'enfant disait : mais ceci n'est pas ma faute Seigneur, si Tu m'avais laissé vivre plus longtemps, j'aurais surement accompli des oeuvres de bien comme le croyant!"
El Jouba'i dit: "Dieu lui dira: Je savais que si tu vivais plus longtemps tu allais faire beaucoup de mal. Dans ton intérêt, J'ai jugé meilleur pour toi de t'ôter la vie afin que tu n'ailles pas en enfers".
El Ash'ari dit alors: "Et si le mécréant disait à ce moment là: Seigneur, puisque Tu savais que moi aussi j'allais mal tourné, pourquoi ne m'as Tu pas ôté la vie comme Tu l'as fait pour lui afin que je n'aille pas en enfer?!".

A ce moment là, El Jouba'i se tut pour de bon.

Nous sommes à un moment de l'histoire où les Mu'tazilas étaient haïs et rejetés par la société et ne jouissaient plus d'aucun crédit. Et des savants comme El Ash'ari profitaient des rassemblements publiques tels que les veillés funèbres ou les mariages pour montrer au gens leurs déviations.

C'est ainsi que s'organisait la plupart du temps ce genre de controverses. Nous sommes donc dans une société et dans une ambiance, qui favorisent le dialogue et la confrontation pacifique. Exemple que nous ne pourrions jamais trouver dans l'histoire du christianisme.


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